Espagne à la Coupe du Monde: le roi des perdants

par

Les grandes dynasties voient souvent leurs règnes s’achever brutalement et dans le chaos le plus total. Et la sélection espagnole n’aura pas échappé à cette cruelle règle.

Solidaire avec le roi Juan Carlos, elle a ainsi décidé d’abdiquer le même jour que son souverain. Drôle de coïncidence dont nos voisins se seraient probablement bien passés.

Il est intéressant de remarquer que la Roja a été renvoyée chez elle à l’issue de 2 revanches de la Coupe du Monde 2010, disputées face aux Bataves et aux Chiliens.

Depuis l’élimination en huitièmes de finales face à la France lors du Mondial 2006, le bilan espagnol en compétition officielle était d’une pureté quasi-immaculée avec pas moins de 15 victoires, 3 nuls, 1 défaite et surtout 3 titres majeurs remportés.

C’est donc une page qui s’est tournée hier soir. Mais comment cette équipe quasi-invincible en est-elle arrivée là ?

Des signes avant-coureurs

Un victoire en trompe l’œil à l’Euro

L’Euro 2012 n’aura pas été le meilleur des tournois disputés par la Roja. Moins tranchants offensivement, les Espagnols ont du mal à se créer des occasions. Et la sélection n’ayant pas de buteur attitré, Cesc Fabregas, à la demande des Barcelonais du vestiaire, devient le fameux faux numéro 9 de la sélection.

L’effectif est fatigué et s’en remet au génie d’Iniesta, à la fraîcheur de Jordi Alba ou encore à un Sergio Ramos impérial. En contrepartie, Piqué réalise un tournoi médiocre, Xavi semble sur le déclin et enfin, Fernando Torres réalise l’escroquerie du siècle en remportant le Soulier d’Or de la compétition avec seulement 3 buts (dont un doublé contre l’Irlande) et 1 passe décisive à son actif.

La difficile demi-finale face au Portugal, remportée aux pénaltys, pointe les carences offensives d’une équipe en mal de buteur.

Finalement, le seul match réussi sera la finale. Véritable chef d’œuvre, la victoire 4-0 face à des Italiens dépassés est qualifiée par Vicente Del Bosque comme étant le “meilleur match” de tout son mandat.

Des jeunes qui loupent leurs J.O.

Aux Jeux Olympiques de Londres qui suivent quelques semaines plus tard, la sélection olympique espagnole se rend sur place sûre de sa force.

Avec une équipe espoir comme le veut la coutume dans cette compétition, les Ibériques pêchent par excès de confiance et laissent l’impression d’un maillot un peu trop lourd à porter.

Montoya, Koke, Javi Martinez, Muniain, Tello ou encore Adrian Lopez, tous ces futurs grands joueurs potentiels n’assurent pas et finissent éliminés dès le 1er tour.

Là aussi, c’est la stérilité offensive de la Rojita qui interpelle avec aucun but inscrit en 3 matchs et seulement 1 point de glané dans une poule abordable où ses adversaires se nomment Japon, Honduras et Maroc.

Cet échec influencera beaucoup les choix futurs de Vicente Del Bosque, qui ne renouvellera pas assez son effectif en conséquence.

Une claque en finale de la Coupe des Confédérations

L’année suivante est marquée par la répétition générale dorénavant traditionnelle de la Coupe du Monde qu’est la Coupe des Confédérations. Facile en poule, où elle inflige un cinglant 10-0 aux Tahitiens, l’Espagne bute sur l’Italie en demi-finale et ne trouve pas la faille. Une nouvelle fois, la question du numéro 9 se pose et le noyau dur du Barça est beaucoup moins rayonnant.

Malgré une qualification acquise après une séance de tirs aux buts, la Roja ne convainc pas avec une animation offensive insuffisante et un Xavi qui n’est que l’ombre de lui même.

Le 1er avertissement sérieux arrive en finale face au Brésil. Surprise par l’agressivité de la Seleçao, la défense centrale Piqué-Ramos sombre. Julio Cesar passe une soirée bien tranquille face à une équipe incapable de trouver de la verticalité. 3-0 au final, l’addition est salée mais personne se semble s’inquiéter.

Le couperet tombe

A l’heure du Mondial brésilien, l’Espagne semble enfin avoir trouvé son attaquant de pointe avec la naturalisation de Diego Costa.

Néanmoins, la sélectionneur ne procède presque à aucune modification dans sa liste des 23 où hormis le néo espagnol cité ci dessus, seuls Koke, Juanfran et De Gea viennent apporter du sang neuf.

Finalement, les 2 nouveautés dans le 11 de départ face aux Pays-Bas sont César Azpilicueta (déjà testé lors de la Coupe des Confédérations) et donc l’attaquant de l’Atletico Madrid.

Mais avec cette terrible défaite face aux Bataves, toutes les faiblesses de l’équipe éclatent au grand jour.

Remplaçant au Real Madrid depuis 2 saisons, Casillas est à court de forme. La charnière Piqué-Ramos s’écroule définitivement. Xabi Alonso et Xavi sont au bout du rouleau. Le fameux pressing made in barça a disparu. Sans aucune profondeur, l’Espagne devient ce que lui reprochent ses détracteurs , c’est à dire une équipe stérile et au jeu exclusivement latéral.

Face au Chili, seuls Pedro et Javi Martinez forment les retouches de l’équipe de base. Dont les espoirs sont douchés au bout de 45 minutes avant une seconde mi-temps qui ressemble à une longue agonie, comparable à celle d’un taureau lors d’une corrida. Pour une fois dans le rôle des victimes, ce sont bel et bien les Espagnols qui meurent cette fois ci.

Les perspectives d’avenir

Double tenante, la Roja aura un titre de championne d’Europe à défendre dans 2 ans en France.

Avec 24 équipes qualifiées et un groupe qualificatif abordable avec comme adversaires les plus difficiles l’Ukraine et la Slovaquie, l’Espagne n’aura aucun mal à composter son ticket. Sous contrat jusqu’à cette échéance, Vicente Del Bosque devrait rester en place.

Mais, comme l’Allemagne ou l’Italie ont su le faire pour redevenir compétitifs en misant sur leur jeunesse, il va devoir procéder à une véritable révolution.

Heureusement pour les Ibères, leur réservoir de joueurs est exceptionnel et les centres de formation de l’Athletic Bilbao et du Fc Barcelone figurent parmi les meilleurs du monde.

Champions d’Europe espoirs en 2013, les Espagnols ont en attente une génération exceptionnelle qui n’attend qu’une chose : prendre le relais de ses glorieux aînés.

Une équipe new look se dessine autour d’un noyau dur  qui s’appuierait sur des cadres tels que Ramos et Iniesta.

Si le staff espagnol nous lit, les-transferts.com ose proposer un 11 de départ taillé pour retrouver les sommets. Et le moins que l’on puisse dire c’est que cette équipe a de la gueule.

De Gea

Carvajal—–Marca Bartra—–Sergio Ramos—–Jordi Alba

Thiago Alcantara (Javi Martinez)

Iniesta—————Isco (Raul Garcia)

Koke(Jesus Navas)———-Morata ( Diego Costa)———-Muniain (Tello)