Le magnifique discours d’Habib Beye (Red Star) à propos de la pratique du ramadan dans le football

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Le magnifique discours d’Habib Beye (Red Star) à propos de la pratique du ramadan dans le football
Habib Beye ©️IMAGO / PanoramiC

Habib Beye dénonce la discrimination dont sont victimes les joueurs musulmans qui jeûnent pendant le Ramadan dans le football

Alors que la Fédération française de football (FFF) a établi un cadre général réglementant la pratique du jeûne du mois de Ramadan au sein des sélections nationales, l’entraîneur du Red Star, Habib Beye, s’est élevé contre ce qu’il perçoit comme une “discrimination religieuse” à l’encontre des musulmans. Après la rencontre entre le Red Star et Nancy ce vendredi (1-1), Beye a fait part de son point de vue sur l’intrusion de la pratique religieuse dans le football, en particulier en ce qui concerne le Ramadan.

“Ma position est que je respecte vraiment la foi de mes joueurs, quelle qu’elle soit”, a affirmé l’ancien Marseillais. “J’ai des joueurs qui sont en train de faire le carême, qui dure 46 jours, et qui ont une approche différente de cette religion. Ce qu’il faut comprendre, c’est qu’on ne voit que les inconvénients. Moi, je ne vois que des avantages. Cela crée une cohésion, des discussions, une solidarité que les gens ne voient peut-être pas sur un terrain de football. Quand nous avons recruté nos joueurs, nous savions qui ils étaient en tant qu’êtres humains, quelle religion ils pratiquaient, nous ne nous sommes pas réveillés la veille du Ramadan. Notre travail consiste à les soutenir”.

M. Beye s’est également inquiété de ce qu’il perçoit comme une “discrimination religieuse” et une “stigmatisation” à l’encontre des musulmans.

“Ce que je vois est très difficile à lire et à entendre. J’appelle ça de la discrimination religieuse (…) parce que si on le fait pour une religion, on devrait le faire pour toutes les religions, et ce n’est pas le cas aujourd’hui (…) On stigmatise cette religion et on met les gens dans des cases ; on divise alors qu’on devrait s’unir autour de la logique de la religion et du partage. Ce que je vois, ce sont mes joueurs qui jeûnent à côté de joueurs qui ne jeûnent pas, il y a un échange, des rires, ils partagent les mêmes moments, et ça, j’appelle ça la cohésion (…) Je suis très fier que mes joueurs se retrouvent dans leur foi, quelle qu’elle soit.”

L’entraîneur de 46 ans a également démonté la théorie selon laquelle les joueurs à jeun seraient moins efficaces sur le terrain.

“Ce qui me dérange, c’est l’idée que les joueurs ne sont pas performants parce qu’ils jeûnent. Si vous regardez mon équipe aujourd’hui, j’en ai 14 [qui jeûnent] et 5 qui observent le carême. Sur un groupe de 26 joueurs, j’en ai 19 qui pratiquent une religion qui implique le jeûne (…) Ce que nous ne réalisons pas, c’est qu’à ce moment-là, ils se retrouvent, c’est une force supplémentaire pour eux. En aucun cas mon équipe n’est impactée par le Ramadan ou une autre religion, et vous l’avez vu ce soir. J’avais 14 joueurs qui jeûnaient, 6 étaient sur le terrain, jeûnant et rompant le jeûne à 19h10, le match ayant lieu à 19h30. Vous avez vu la performance de Walid (Bouabdelli, buteur de Nancy contre le Red Star) ? Cela vous donne la réponse à la question dont tout le monde parle aujourd’hui”.