Suarez, la morsure de trop (billet d’humeur)

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Il n’a pas inventé l’eau tiède, ou le fil à couper le beurre, tombé de la dernière pluie, con comme une bite à genoux, sot comme un panier, bête comme ses pieds, vide comme un hareng… voilà autant d’adages qui peuvent s’appliquer à la personne de Luis Alberto Suarez Diaz.

Car hier soir, comme vous le savez très probablement, l’Uruguay a validé son billet pour les huitièmes de finale, en s’imposant sur le core de 1 but à 0 face à l’Italie. Mais ce que l’on retiendra surtout de cette rencontre, étant donné que cela risque de faire couler plus d’encre qu’un banc de seiches, c’est évidemment la morsure de Suarez sur Giorgio Chiellini. Une scène totalement surréaliste, toute droit sortie des meilleures pièces de Comedia dell’arte.

Un joueur qui a les crocs…

On ne lui enlèvera jamais cela : le buteur uruguayen est un joueur exceptionnel, très certainement parmi les trois meilleurs au monde, avec Cristiano Ronaldo et Lionel Messi. Ce n’est pas pour rien s’il a fini meilleur buteur, meilleur passeur, et a été élu meilleur joueur de Premier League cette année. Et ce, alors qu’il a raté les six premiers matches de championnat… pour avoir mordu Branislav Ivanovic, à la fin de l’exercice 2012/2013. Belle performance. Si, si, vraiment. Il partait tout de même avec un sacré handicap.

Mais le problème de Luis Suarez c’est que seule sa stupidité se rapporte à son talent, et qu’il est ainsi le Dracula des hôtes de ces stades. Et ça, ça ne plaît pas à tout le monde. Car vous n’êtes pas sans savoir qu’El Vampistolero n’en est pas à son coup d’essai. En 2010 déjà alors qu’il portait les couleurs de l’Ajax d’Amsterdam, ce n’était pas le football qu’il marquait, mais bien le cou d’Otman Bakkal de son empreinte dentaire. Résultat : 7 matches de suspension.


Mais son antécédent le plus célèbre il y a un peu plus d’un an, le 21 avril 2013. Chelsea et Liverpool s’affrontent pour le compte de la 34e journée de Premier League. Un match presque sans enjeu pour les Reds, qui peuvent au mieux espérer accrocher une place pour l’Europa League. Pour un club de ce standing, on ne peut pas dire que cela fasse vraiment rêver.

Et pourtant la tension est à son comble. Non pas sur le terrain, mais dans l’étroite boîte crânienne qui dicte à Luis Suarez les mouvements que doivent exécuter sa bouche. N’ayant pas sucé de sang depuis près de trois ans, une soudaine pulsion alimentaire s’empare de celui qui, en Eredivisie, est désormais surnommée le cannibale de l’Ajax. C’est Ivanovic qui en fait les frais. Verdict : 10 matches de suspension.


De lui, son premier entraîneur déclara un jour :

Je l’ai toujours comparé à quelqu’un qui aurait un tigre au fond de sa maison. Tu peux lui donner de la nourriture, les meilleurs soins, mais un jour le tigre va ouvrir la porte et te bouffer. Pourquoi? Parce que c’est un tigre putain.

On ne peut que lui donner raison.

…mais pas seulement

Il serait toutefois très réducteur de réduire notre cher Luis à ces quelques trop rares coups d’éclat nutritifs. Il sait aussi se distinguer de bien différentes manières. Un exemple? C’est bien simple, il suffit de remonter 4 ans en arrière, lors de la précédente Coupe du Monde. Le Ghana est en quart-de-finale de la compétition, c’est d’ailleurs la première fois das l’histoire d’un équipe africaine, et affronte l’Uruguay.

Fin de la deuxième période des prolongations, et le score est toujours de 1 – 1. C’est chaud dans la surface sud-américaine, et la ballon va rentrer dans les filets… lorsque l’inévitable Suarez décide de réinventer les règles du football, et arrête le ballon sur sa ligne, de la main. Rouge, et penalty. Qui sera d’ailleurs raté par Gyan, avant que l’Uruguay ne l’emporte aux tirs au but. Un seul petit match de suspension pour l’attaquant des Reds qui, tout comme sa bouche, n’a pas sa main dans sa poche.


En France, on a évidemment entendu parler de l’affaire Evra – Suarez. Conversation entre deux hommes qui auraient mérité de vivre à l’époque des Lumières.

Pourquoi tu me frappes ?

Parce que tu es un négro.

Répète et je te frappe.

Je ne parle pas aux négros.

Pour se défendre, l’Uruguayen déclarera par la suite penser qu’Evra parlait espagnol. Or, dans cette langue, le terme Negrito ne serait pas une insulte. Léger comme justification. Résultat : huit matches.

Quelle sanction?

Alors au lendemain de la nouvelle « Suarez bitegate », on peut se demander de quelle sanction le joueur va écoper. Car la FIFA vient d’ouvrir une commission d’enquête, et nul doute que le multi-récidiviste ne devrait pas échapper à la patrouille. A priori, on peut même penser que le Mondial brésilien est d’ores et déjà fini pour lui. Mais à combien exactement va-t-il réussir à élever son score de 26 matches de suspension? Une chôse est sûre, il avait les dents bien trop longues pour aller loin dans la compétition. Dommage.

Ce qui est certain c’est que le Real et le Barça étaient prêts à se livrer une lutte sans merci afin de le faire signer, mais que ça n’est plus le cas. A Liverpool, une réunion de crise a été organisée. Sa décision finale : il faut vendre. Sans pour autant croquer le fruit défendu, Suarez est tout de même passé du statut de meilleur joueur de Premier League à celui de pestiféré.