Un corps arbitral féminin pour la rencontre Zimbabwe – Guinée : les réactions

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Salima Mukansanga arbitre feminine CAN 2022 une premiere

Hier après-midi, la Coupe d’Afrique des Nations a continué d’écrire son histoire en donnant le sifflet à une femme pour arbitrer la rencontre entre le Zimbabwe et la Guinée. Aux côtés de 3 autres femmes, la rwandaise Salima Rhadia Mukansanga est devenue la première arbitre féminine à officier lors d’un CAN. Un grand pas pour le football africain qui aura suscité quelques réactions. Pour le bon, comme pour le mauvais.

Contre la Guinée de Naby Keita, les Zimbabwéens auront tout donner. Si les Guerriers sont désormais éliminés de la compétition, cette rencontre sera largement entrée de l’histoire de celle-ci. Aux commandes des 22 acteurs ? Une femme. Du jamais vu dans toute l’histoire de la Coupe d’Afrique des Nations. À Yaoundé, l’arbitre rwandaise marquait à jamais cette édition de son empreinte. Sérieuse et appliquée, accompagnée d’une équipe arbitrale exclusivement féminine, l’arbitre de 34 ans en étonnait sûrement plus d’un. Forcément, cette nomination a suscité quelques réactions dans les tribunes.
Sur place, nous avons recueillis les opinions de 3 personnes, aux profils différents.


« Elle a bien arbitré, mais elle n’était pas à la hauteur du match »

— Anonyme (CAM), Supporter

❓ Quelles étaient vos inquiétudes/opinions lorsque vous avez découvert que l’arbitre de la rencontre serait une femme ?

Fredo, franco-camerounais : « J’ai pensé que c’était assez rare mais que c’était une très bonne chose et quelque chose de nouveau pour permettre de promouvoir la femme, afin d’éviter les discriminations. C’est une expérience à vivre dans le cadre d’une CAN mais pas dans des matchs pas compétitifs. C’est plutôt bien. »

Anonyme, camerounais : « Honnêtement, je me suis demandé si elle serait à la hauteur. »

Brice, camerounais, 24 ans : « Je n’ai pas pensé quelque chose en particulier, parce qu’honnêtement, que ce soit une femme ou un homme qui arbitre pour moi c’est la même chose. Seulement, je comprends qu’il y a une cause un peu politique, féministe derrière. Je me demande déjà si c’est normal pour une femme d’arbitrer un match de football masculin et si c’est nécessaire. On sait tous que les femmes peuvent arbitrer mais doivent-elles arbitrer les matchs des hommes ? Je ne doute pas des compétences de l’arbitre en elle-même.

Qu’avez-vous finalement pensé de voir une femme arbitrer une rencontre de la Coupe d’Afrique des Nations ?

Fredo, franco-camerounais : « C’était très bien. On voit que les femmes courent aussi bien sur le terrain que les hommes donc elles sont aussi physiquement adaptées pour ce genre de situations.

Anonyme, camerounais : « Je me suis dit qu’elle avait fait quelques erreurs. Elle a bien arbitré, mais elle n’était pas à la hauteur du match. Je pense qu’il aurait fallu un homme. Mais je pense qu’avec le temps on en reverra. En tout cas, c’était la première fois que je voyais une femme arbitrer un match. »

Brice, camerounais, 24 ans : « J’avais complètement oublié que l’arbitre était une femme. Tout était parfaitement normal comme si c’était un homme qui arbitrait. En réalité, ça ne pose pas de problème véritablement d’un point de vue pratique. Aucun problème pour moi si ça se reproduit.»

Si globalement la majorité des spectateurs n’ont pas vu d’un mauvaise œil cette nomination, la voyant même comme un moyen de démocratiser la chose, d’autres n’ont pas semblé prêts pour avoir cette conversation. Plus encore, certains auront même soulevé la nécessité de voir des femmes officier lors de matchs opposant des hommes.

C’est un véritable débat qui est soulevé, et pour lequel les opinions vont déjà diverger. En attendant, il s’agit là d’une véritable avancée. Si en Europe les langues tendent à se délier sur l’égalité entre les hommes et les femmes, dans certains pays du continent africain, c’est encore très compliqué. Mais une chose est sûre, en cette fin de journée, un message clair a été passé, un message directement envoyé à ces femmes qui auraient peur d’oser.