La CAN est-elle vraiment respectée en Europe ? La réponse cinglante de Sebastien Haller

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Le respect envers la CAN 2021 2022À l’approche de la compétition et dans un contexte où les matchs sont de plus en plus rapprochés, la tenue de la compétition a été à plusieurs fois remise en cause, chose qui n’a pas été le cas pour l’Euro ni même aperçue pour la dernière COPA America. On peut donc légitimement s’interroger sur le respect réel accordé à cette compétition continentale.

Les européens dérangés

Depuis toujours, à quelques exceptions près, la Coupe d’Afrique des Nations se tenait au mois de janvier-février. La raison en est simple : le climat en Afrique Subsaharienne. Si la précédente édition s’est déroulée durant l’été, c’était surtout une première décision, prise par le précédent président de la CAF Ahmad Ahmad, qui n’avait pas fait l’unanimité. Les conditions climatiques étant vraiment difficiles en Afrique à cette période. En revanche, elle avait été fortement appréciée par les clubs européens qui ne se voyaient pas priver de certaines de leurs stars au beau milieu de la saison. Et forcément déjà, nombreux étaient les observateurs à critiquer cette façon qu’avait eu l’institution du football africain à s’abaisser devant une insistance de clubs européens.

3 ans plus tard, si la CAN aura bien lieu en temps et en heure, les oppositions venues d’Europe ne se sont pas ternies. Si certains tacticiens ou dirigeants ont énormément de mal à laisser partir leurs joueurs vers les sélections africaines, c’est surtout dû à un calendrier de plus en plus chargé. En Angleterre, les clubs n’ont aucun moment de repos en hiver et doivent faire face au traditionnel Boxing Day. Dans d’autres pays, comme en France, les pauses sont aussi très courtes et ne laissent que peu de temps aux joueurs de se remettre de la première partie de saison. Avec le commencement de la CAN dès le début mois de janvier, tout semble alors plus compliqué pour les clubs de football européens. Pourtant, la compétition aura bien lieu.

Malgré de nombreuses oppositions et rumeurs autour du manque d’organisation de la compétition, le président de la CAF tranchait sur la situation à la mi-décembre. Néanmoins, il acceptait en contre partie une dérogation qui autorisait les clubs à conserver leurs joueurs non plus seulement jusqu’au 27 décembre, mais jusqu’au 4 janvier. Un compromis qui était loin de ravir les sélections qui ont besoin d’un temps de préparation minimum. Une considération moindre de la compétition qui commence de plus en plus à faire grincer des dents du côté du continent africain.

Le mécontentement des acteurs de la CAN

Représentant indéniable du football camerounais, mais aussi du football africain d’envergure mondiale, Samuel Eto’o était nommé à la tête de la fédération camerounaise au mois de décembre. L’occasion pour le double vainqueur de la CAN de retourner au plus près des siens et ce qui l’aime : le football. Un rôle tout autre que celui qu’on lui connaissait, mais qui lui permet d’affirmer des valeurs déjà défendues alors qu’il n’était encore que joueur.

Interrogé par la chaîne Canal + Afrique il y a quelques jours, Samuel Eto’o ne cachait pas son mécontentement quant à la possible volonté des instances européennes de voir la CAN reportée : « Je ne vois pas pourquoi elle n’aura pas lieu. […] Une excuse pour la reporter ? Laquelle ? Si l’Euro s’est joué alors que nous étions en pleine pandémie, avec des stades pleins. […] Pourquoi la CAN ne se jouerait pas au Cameroun ? Donnez-moi une seule raison valable. Ou alors on est en train de nous dire que, comme on nous a toujours traités, nous sommes des moins que rien alors nous devons subir. Qu’on nous dise clairement les choses […] ». Une prise de parole saluée sur les réseaux sociaux et par de nombreux observateurs du football dans le monde.

Et si le président camerounais n’a pas mâché ses mots, c’est un joueur de la sélection ivoirienne qui a récemment tapé du poing. Au mois de janvier, Sebastien Haller jouera la première CAN de sa carrière sous les couleurs du maillot ivoirien. Interrogé par le média Telegraf sur sa participation à la compétition, l’actuel meilleur buteur de la Ligue des Champions n’a pas tardé à monter au créneau pour défendre la compétition : « Cela montre le manque de respect pour l’Afrique. Aurait-on posé cette question à un joueur européen avant l’Euro ? Bien sûr que je vais à la CAN. »
Sans manquer de clarté, l’attaquant de l’AJAX a fièrement défendu le football africain. Un football et une compétition si souvent méprisée par les clubs européens.

Les mots dans une situation pareille sont importants. Voir des acteurs mêmes de la compétition prendre la parole pour défendre celle-ci n’est pas négligeable. À une ère où le football en club tend à prendre de plus en plus de place, il est important de rappeler que les sélections, pas seulement européennes, ont elles aussi leur place.

Pour continuer d’assurer le bon développement du football africain, les sélections ont besoin de leurs stars, de ces joueurs qui servent d’exemple et d’inspiration aux quatre coins de leur pays. Sans eux ? Le football africain continuerait de peiner à se faire une place. Pourtant, ils sont nombreux les joueurs talentueux à venir tout droit du berceau de l’Humanité. Un berceau qu’il serait peut-être temps d’apprendre à respecter…