Les-transferts : entretien avec Mohamed Bouhafsi 2/2

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Découvrez la deuxième partie de notre entretien avec Mohamed Bouhafsi, directeur du football du groupe RMC Sport, qui nous a accueilli dans les locaux du média pour un long entretien. Dans cette partie, on a parlé interviews, potentielle envie de départ, thèmes sociaux et équipe-type !

Les-transferts : entretien avec Mohamed Bouhafsi 2/2

Interview Mohamed Bouhafsi : ses accomplissements, ses origines, son équipe type…

Quelle est l’interview qui t’a le plus marquée ?

Quand j’étais plus jeune, j’ai réalisé l’interview d’Eric Abidal où il annonce son départ du Barça. Il parlait de sa maladie, de sa rémission, de sa famille, de sa réinsertion professionnelle, et ça m’a beaucoup touché. Il y a aussi une interview que j’ai adoré faire, c’est celle avec Didier Deschamps, d’environ cinquante minutes pour Breaking Foot juste avant la Coupe du Monde. Ce que j’ai aimé, c’est qu’il a parlé de football pendant cinquante minutes. Je lui ai donné la parole sur plein de sujets et nous avions vraiment parlé de foot, de tactiques. Je voulais l’entendre là-dessus, ça a été le cas et ça m’a beaucoup touché. A part cela, ce sont davantage des relations ou des personnes qui m’ont marqué et appris des choses. Carlo Ancelotti, Leonardo, ou certains joueurs. Gabi Heinze par exemple.

Quelle est celle que tu regrettes ou que tu aurais aimé faire mieux ?

Il n’y en a pas vraiment. Si je sors une interview qui s’est mal passée, je l’oublie et je passe à autre chose. Il ne faut pas rester sur des choses négatives.

Ceux qui te suivent te voient tweeter de temps en temps en anglais. Tu te vois travailler à l’étranger à l’avenir ?

Non, je ne me vois pas du tout changer de pays. Je suis très heureux en France et fier d’être français ! C’est le plus beau pays du monde pour moi. Nous avons une richesse culturelle incroyable. C’est vrai qu’il y a une passion plus forte, plus exacerbée en Espagne, en Angleterre ou en Italie, mais je suis bien ici et je pense que cette passion arrivera petit à petit chez nous.

On a vu certaines voix évoquer tes origines, notamment lors de la victoire de la CAN où tu as un échange avec un élu FN. De ton côté, tu réponds en prônant l’unité. Est-ce que malgré cela, ça n’est pas décourageant parfois de devoir se défendre sur ce sujet ?

L’un de mes souvenirs qui m’a fait le plus de mal, c’est lorsqu’un directeur de chaînes d’un média m’a dit : « Mohamed, c’est pas un beau prénom pour la radio. Pense à changer de prénom. » Je suis parti de cette entreprise où je n’ai finalement pas travaillé. Pour moi, c’était un scandale. Je suis un enfant de la génération black-blanc-beurs, j’ai grandi avec de nombreuses communautés et c’était la plus belle des choses. Ma mentalité est que nous pouvons tous grandir ensemble. Ça peut paraître démago ou ingénu mais c’est ma vision des choses. Quand quelqu’un m’attaque sur mes origines, qu’est-ce que je peux dire ? Je suis fier d’être français, et s’il y a quelque chose que je déteste, c’est adopter la posture de victime. Dire « je n’ai pas réussi parce que je suis noir, arabe, chinois, provincial ou autre ». Ça ne marche pas. Il faut se battre, se donner les moyens d’y arriver, essayer, réessayer, persévérer jusqu’à ce que les choses aillent dans ton sens.

« Quelle que soit ton origine, ta couleur de peau ou toute autre distinction, si tu as l’envie de réussir, de tout arracher, tu peux être et faire ce que tu veux ! »

Est-ce que dans la profession de journaliste sportif, le sexisme et le machisme sont encore présents ou est-ce que les mentalités sont petit à petit en train de changer ?

Moi, quand j’étais en école de journalisme, il y avait très peu de femmes. C’est comme dans le football féminin, les mentalités sont en train d’évoluer, c’est vrai qu’on est des pays latins, on a une mentalité plus machiste mais je suis content que cela évolue. Il faut que les mentalités changent vis-à-vis du foot féminin. Il faut plus de femmes à la télé, il faut plus de diversité. Il faut que le foot ou le journalisme soit à l’image de la société française tout simplement.

Selon toi, la hype qui a entouré la Coupe du Monde féminine sera-t-elle éphémère ?

Tout est encore question de mentalité ! Tant qu’il n’y aura pas plus d’accessibilité, de clubs féminins, cela ne donnera pas envie aux filles de jouer et donc il y aura moins de filles qui feront du football, qui deviendront journalistes sportif, etc.

Imagine-toi dans la peau d’un directeur sportif d’un club et que tu as un budget illimité. Tu peux acheter un joueur par ligne en comptant le gardien. Qui prends-tu ?

(Il réfléchit) Jan Oblak en gardien. Virgil Van Dijk en défenseur. N’Golo Kanté en milieu défensif. En milieu offensif… Lionel Messi. Et Cristiano Ronaldo en attaquant.

Et si on te demande un onze-type de Ligue 1 ?

Keylor Navas, Ruben Aguilar, Juan Bernat, Thiago Silva, Marquinhos pour la défense. Verratti, Aouar au milieu, Thauvin à droite, Neymar à gauche, Ikoné en numéro 10 et Mbappé en pointe.

Retrouvez la première partie de l’entretien